NUMÉRO SPÉCIAL N°002, VOLUME 1 – NOVEMBRE 2024

GRALIFAH N°002, VOLUME 1,  2024 [SOMMAIRE]

GRALIFAH N°002, VOLUME 1, 2024 [MONOGRAPHIE]

 

«Les savoirs ancestraux: transmission et sauvegarde », École Normale Supérieure, Libreville – Gabon/ du 28 au 29 mars 2024.

 https://doi.org/10.21246/gralifah2vol1nov2024

EDITORIAL DU NUMERO

 

Les savoirs ancestraux : transmission et sauvegarde » était le thème du colloque international et pluridisciplinaire organisé du 28 au 29 mars 2024 à l’École Normale Supérieure de Libreville. Plus que jamais, aujourd’hui, les différents peuples du monde veulent se reconnecter avec leurs savoirs ancestraux parce qu’ils se rendent bien compte qu’il est plus que primordial de transmettre des savoirs que les ancêtres ont tenu à conserver au fil des Âges. Pourtant, certains chercheurs pensent que les savoirs ancestraux ne sont pas scientifisables puisqu’ils sont auréolés d’un fond secret et ne sont pas suffisamment valorisés, contrôlés, brevetés ou inscrits au patrimoine. Lors des communications et des discussions qui ont enrichi les rencontres de ce colloque pluridisciplinaire, se sont réunis plus de soixante-dix enseignants-chercheurs de différents pays. Les articles rassemblés dans ce volume ont été remaniés par les auteurs et ont reçu un avis favorable, nous y avons identifié quatre axes thématiques.

La section 1, « Culture, langues et traduction », débute avec l’article issu de la conférence inaugurale du professeur Macaire EYUPAR EPIETUNG, qui a insisté sur la nécessité d’opérer la traduction des langues africaines afin de mieux comprendre la portée des savoirs endogènes. Il a, pour ainsi dire, démontré que la phytothérapie, la diététique, l’éco-culture, l’art et les rites d’initiation constituent des savoirs ancestraux mieux véhiculés et sauvegardés dans les langues locales. En clair, toute la science liée à ces savoirs devrait se cristalliser autour des langues et c’est dans cet esprit que Liliane Surprise OKOME ENGOUANG fait des propositions de traduction des langues pour la préservation de la culture gabonaise. À ce titre, elle se propose de traduire des proverbes gabonais qui parsèment Mon amante, la femme de mon père de Sylvie Ntsame, afin de transmettre aux apprenants en classe d’espagnol des rudiments de savoirs ancestraux. C’est aussi dans le cadre de cette pérennisation des savoirs endogènes que s’inscrit l’article de Clarisse Maryse MIMBUIH M’ELLA qui identifie les pratiques culturelles transmises par les grand-mères. Selon la vision qu’elle en dégage, les savoirs artisanaux et médicinaux peuvent être insérés dans les programmes éducatifs. À partir de la sociologie de la littérature, Ehua Manzan Monique BEIRA épouse OUABI analyse comment Donato Ndongo Bidyogo (El metro) et Jean Marie Adiaffi (La carte d’identité) promeuvent les valeurs ancestrales pour une affirmation de l’identité culturelle africaine. Dans la même veine, Alexis ROSSEMOND démontre que, malgré l’esclavage et la déportation des Africains vers le Pérou, des savoirs ancestraux bien conservés au fil du temps, constituent aujourd’hui de puissants dispositifs politiques de revendication identitaire.

Le premier article qui ouvre la section 2, « Littératures et arts », se focalise sur l’épanouissement social de l’homme, grâce à la consolidation des savoirs ancestraux entretenus au sein de la cellule familiale. À travers L’Étape de Paul Bourget, Joëlle Fabiola NSA NDO réalise un tour d’horizon des techniques de legs du patrimoine tellurique, religieux et historique. Dans sa contribution, Diokel SARR se penche sur la pérennisation des valeurs féodales de la noblesse dans Les lais de Marie de France au moyen des formules proverbiales sans cesse rabâchées pour une meilleure transmission mémorielle. À partir d’une approche sociologique et historique, John Vernon MIKELET met en avant les habitus culturels ancestraux dans quatre romans d’écrivains gabonais et congolais : La vocation de Dignité de Jean Divassa Nyama, Le commerce des allongés d’Alain Mabanckou, Au bout du silence de Laurent Owondo et Entre les eaux de Valentin Yves Mudimbé. Ces romans ont fourni un cadre d’analyse des révélations civilisationnelles ancestrales qui instruisent le lecteur et élèvent les savoirs ancestraux au rang de science de l’éducation. L’idée d’ethno-fiction et de transculturalité émerge de l’article d’Alioune WILLANE qui met en évidence des enseignements traditionnels à travers des mélopées portant sur la séduction amoureuse et les valeurs de fidélité, d’hospitalité, de dignité dans les chansons de Baba Maal. Il évoque également des rites d’initiation associés à la circoncision, au mariage et aux funérailles, présents dans le roman d’Ousmane Socé Diop. Dans le même sillage, Réal MONDJO LOUNDOU s’appuie sur les romans, Karim d’Ousmane Socé, Elonga d’Angèle Ntyugwetondo Rawiri et Le Baobab fou de Ken Bugul pour souligner l’efficacité des savoirs médicaux légués par les ancêtres dans le cas de certaines maladies d’origine mystico-spirituelle. L’article signé à deux mains par Ornela Diane MENGUE et Emma-Flore MEZOCK-ASSEH décrit le parcours croisé de deux romanciers, le Français Marcel Pagnol (La Gloire de mon père) et le Nigérian Chinua Achebe (Le monde s’effondre), qui mettent en relation les savoirs ancestraux découlant de l’expérience acquise auprès des aînés. Quant à Olivier Kadja EHILE, il en vient à considérer la dot comme un élément essentiel issu des coutumes ancestrales qui subsiste dans le cinéma ivoirien. Plus particulièrement, il a réalisé des entretiens semi-directifs auprès de personnes ressources et une analyse qualitative des productions cinématographiques en vue de mieux expliquer la valeur et les symboles du rituel de la dot. Une revisitation du patrimoine musical ancestral au moyen du xylophone djomlo est proposée dans l’article de Kouadio Félix ATTOUNGBRE. Ainsi, il rappelle que l’usage d’un instrument de musique ancien peut aisément s’adapter à la création de courants musicaux contemporains.

La troisième section, « philosophie », fait intervenir des avis différenciés en matière de philosophie morale, politique et celle de l’art. La réflexion d’Henri Joël DEGUE et d’Eustache Roger Koffi ADANHOUNME établit un lien entre Agbanou, une institution judiciaire, et les valeurs traditionnelles africaines de paix et d’équité. Ils suggèrent que ces principes pourraient être utilisés pour résoudre les crises sociopolitiques actuelles. EBANG ELLA jette un regard philosophique sur le concept de citoyenneté chez les Ékangs et chez les Grecs, afin de déterminer si la citoyenneté se conçoit de la même manière dans ces deux espaces culturellement distincts. Astride BISSA BI NZUE et Cyrille MICKALA présentent les principaux atouts de l’art Mvett, un héritage ancestral qui a traversé les siècles et les frontières géographiques. Ils soulignent son rôle central dans l’éducation, tout en mettant en lumière sa capacité à promouvoir une philosophie de l’existence axée sur l’affirmation de soi et le progrès.

La section 4, « Sociologie, sciences de l’éducation, de l’information et de la communication » regroupe un article de sociologie, de didactique et de science de l’information et de la communication. Bèbè KAMBIRE observe directement une activité ancestrale : l’orpaillage féminin chez les Lobi du Burkina Faso. En se basant sur des entretiens individuels avec neuf dépositaires du rituel relatif au don de la calebasse, il apporte des éclairages sur l’apport socio-économique, culturel et spirituel de cette tradition ainsi que sur les modalités intergénérationnelles de sa transmission. Le sujet du transfert des savoirs ancestraux revient dans l’article d’Armel NGUIMBI, qui axe son enquête sur les modèles de cognition qui pourraient découler de la lecture du roman Au bout du silence de Laurent Owondo. En effet, il prend comme point de départ de son analyse, les modèles semi-directif, réflexif et introspectif où le grand-père guide son petit-fils, devenu plus autonome lors de son apprentissage des savoirs sacrés. L’universitaire Marie Zoé MFOUMOU clôture cette dernière section avec la réalisation d’une enquête sur la recherche de la spécificité de l’identité féminine à partir des schèmes culturels propres à la société traditionnelle Ékang. Elle fait donc référence à la manière dont les ancêtres opéraient la construction de l’identité féminine en se basant sur une méthode à la fois comparative et qualitative.  

SOMMAIRE

SECTION 1  Cultures, Langues et traduction

     SECTION 2  Littératures et arts  

SECTION 3  Philosophie

SECTION 4  Sociologie, sciences de l’éducation, de l’information et de la communication